Fiasco au Stade de France : à qui la faute ?

Fiasco au Stade de France : à qui la faute ?

Tout avait pourtant commencé parfaitement. Alors que la finale de la Ligue des Champions avait été programmée, un an avant la date fatidique, à Saint-Pétersbourg, en Russie, le conflit ukrainien a forcé l’UEFA à changer son fusil d’épaule et à délocaliser l’évènement. Dès le mois de février, le président Emmanuel Macron a entrepris tout le lobbying possible et conduit toute la diplomatie française pour obtenir de l’instance européenne l’organisation de la finale. Les officiels, de la fédération française de football ainsi que du ministère de l’intérieur et de la préfecture de police, eurent 3 mois pour préparer l’ensemble, de l’accueil des supporters à la sécurité aux abords et dans le Stade de France.

Malheureusement, le jour j, rien ne s’est passé comme prévu. En fin d’après-midi, alors que la ville de Paris avait annoncé la venue de 100 000 supporters étrangers, de Liverpool et de Madrid, le quartier du Stade de France a vu débarquer des dizaines de milliers de fans en rouge, par le RER D. En temps normal, le nord du Stade, alloué aux supporters madrilènes, est desservi, de Paris, par le métro et la ligne 13, et le sud du Stade, prévu pour les fans de Liverpool, par le RER B. Les deux stations ont, dès le début, été construites pour prévoir ces grands mouvements de foule, avec des couloirs et des sas d’entrée et de sortie suffisamment grands capables d’accueillir un grand nombre de personnes.  

Ce qui n’était pas le cas du RER D, normalement destiné aux travailleurs de Seine-Saint-Denis, avec un quartier d’affaires à côté du stade de France. En matière d’urbanisme, tout avait été bien traité en amont, une station dédié aux fans, une station dédié aux usagers quotidiens. Seulement, une semaine avant la finale, les salariés du RER B ont lancé un appel à la grève. Côté Liverpool, apprenant cela, il a alors été décidé de changer de parcours et de descendre par cette fameuse station du RER D, pensant naïvement que le RER B serait impraticable. Manque totale de communication avec les organisateurs, notamment de la préfecture de police, des trains du RER B circulaient en fin d’après-midi, en prévision du match.  

Ce sont donc des dizaines de milliers de supporters de Liverpool qui ont alors débarqué du RER D, pas prévu à cet effet, dans un couloir trop petit et trop restreint, avec des files de préfiltrages pas assez nombreuses. La fédération française de football, avec l’UEFA, avait en effet prévu un accueil important côté RER B, avec la certitude que des trains circuleraient, et avait fixé 13 files de préfiltrages, avec des stadiers, côté B et seulement 4 files côté D, puisqu’ils pensaient que peu passerait par là. Aucune anticipation de ce côté puisque quasiment tous les supporters de Liverpool sont arrivés par le D et se sont rapidement retrouvés écrasés dans le couloir du RER, pris dans un goulot d’étranglement. 

Rajouté à cela des problèmes techniques lors du préfiltrages, qui ont laissé passés des titulaires de faux billets, qu’on estimerait, selon l’UEFA, à 2.900, provoquant un bug au niveau des tourniquets du stade. Côté RER, les forces de l’ordre, après de longs moments de stress et de panique, avec des personnes fragiles et des enfants, pris dans un embouteillage monstre, ont pris la décision, d’ouvrir le préfiltrage et de désengorger totalement la sortie. Le mouvement de foule a provoqué, jusqu’aux abords du stade de France, un stress supplémentaire entre le bug technique des tourniquets, la masse compacte qui est arrivée d’un coup et les minutes qui commencent à défiler. La réponse des forces de l’ordre a été celle-ci : gaz lacrymogène pour calmer la foule. 

A l’intérieur de l’enceinte sportive, voyant les tribunes se remplirent très lentement et les accidents se multiplier, l’UEFA a décidé de retarder le coup d’envoi, d’au moins 40 minutes. Les quelques 300 millions de téléspectateurs à travers le monde ont alors pu découvrir le fiasco total de l’organisation française. La honte générale s’est installée sur la tête des officiels.  

Et tout cela n’est pas fini. Parce que les forces de l’ordre, effectif à 1600, soit 300 de plus que lors de la finale de la coupe du France quelques semaines plus tôt, durent gérer les supporters de Liverpool totalement démunis et les problèmes d’entrée dans le stade, ne purent empêcher la venue de centaines d’individus de Saint-Denis qui commencèrent à racketter et à voler des supporters des deux camps, dès la rencontre terminées. Des dizaines de témoignages, de l’autre côté des Pyrénées et de la Manche, font état de larcins répétés et de vols organisés. Sans que la police ou les forces de l’ordre ne puisse faire quoi que ce soit. 

Le fiasco a été total et les autorités devront répondre de cet affront. Une enquête parlementaire, au Sénat, a déjà été diligentée et a commencé depuis mercredi 1 juin. Elle saura tirer des conclusions et désigner les fautifs, les coupables. Qui est responsable de cette organisation catastrophique ? Comment les supporters des deux camps pourront être réparés ? Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a-t-il sciemment menti en accusant, dès le début, les fans de Liverpool et ces 40.000 supposés spectateurs sans billets ou avec de faux billets qui ont altéré la bonne conduite de l’organisation ? Toutes les réponses devront être apportées. 

Parce que cela a fait mauvaise presse, à 1 an d’accueillir la coupe du monde de Rugby et à deux ans des Jeux Olympiques de Paris. Le monde entier a constaté l’incapacité de la France à organiser un évènement d’une telle ampleur. Il faudra que le pays et les autorités apprennent de leurs erreurs et sachent se remettre en question...

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