La Russie suspendue par l’Agence Mondiale Antidopage

La Russie suspendue par l’Agence Mondiale Antidopage

La nouvelle est tombée lundi 9 décembre : l’AMA a décidé de suspendre la Russie de tous les Jeux Olympiques et championnats du monde pour une période de quatre ans. Une décision votée à l’unanimité par les membres du Conseil exécutif. Comment en est-on arrivé à une telle mesure ?

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à l’année 2014. À l’époque, une marathonienne russe, Liliya Shobukhova, est suspendue pour dopage. Puis, fin 2015, un rapport demandé par l’AMA à Dick Pound révèle l’existence d’un système de dopage généralisé dans l’athlétisme russe. C’est un second rapport, mené par Richard McLaren, qui révéla l’existence en 2016 d’un système de tricherie organisé lors des Jeux Olympiques de Sotchi en 2014, avec la participation des services secrets, preuve de l’implication de l’État russe dans le sport de haut niveau. Ce rapport constitue un premier scandale à quelques mois des Jeux de Rio en 2016. À cette occasion, le Comité International Olympique (CIO) demandera à chaque fédération internationale de revoir au cas par cas les situations des athlètes russes. Finalement, ces soupçons de dopage qui pesaient sur la Russie seront confirmés lors de la publication du rapport définitif, en décembre 2016. Ce sont 1000 athlètes russes qui seraient impliqués dans ce système de triche organisée par l’État. 

La première sanction est tombée en décembre 2017, lorsque le CIO décida de suspendre la Russie pour les Jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang, tout en autorisant aux athlètes « propres » de concourir sous bannière neutre. C’est ainsi que lors de la cérémonie d’ouverture de ces jeux, apparut lors du défilé les « athlètes olympiques de Russie » (OAR). 

L’AMA exigea de la Russie qu’elle reconnaisse la véracité des faits dénoncés par le rapport McLaren, et qu’elle fournisse les données brutes des contrôles anti-dopage stockés au laboratoire de Moscou. Si elle a répondu favorablement à la première requête, elle a tardé à exécuter la seconde. Ce n’est qu’au début de l’année 2019 que l’agence antidopage russe, Rusada, a remis à l’AMA les données demandées, qui portaient sur la période 2012-2015. Il s’est avéré que celles-ci ont été falsifiées ou altérées. L’issue de cette affaire était donc inévitable. Elle a conduit l’AMA à prendre des mesures fortes à l’égard du sport russe en général. 

Les conséquences sont nombreuses pour la Russie. En premier lieu, le pays ne peut plus participer aux Jeux Olympiques, ni aux championnats du monde. Elle ne peut pas organiser de compétitions internationales non plus, ce qui concerne les prochains mondiaux de hockey sur glace masculins et féminins par exemple. Cette interdiction ne concerne pas l’Euro 2020, où des matchs doivent avoir lieu à St Pétersbourg, ni la finale de la Ligue des champions 2021, ou encore le Grand Prix de Formule 1, car ces compétitions sont considérées comme des épreuves régionales. En revanche, la Russie ne pourra participer à la Coupe du Monde 2022 au Qatar que sous bannière neutre. Cela implique qu’aucun symbole faisant référence au pays, comme l’hymne ou le drapeau, ne puisse être utilisé. Toutefois, les sportifs russes devront démontrer leur innocence dans le système incriminé par le rapport McLaren pour pouvoir participer aux compétitions. En revanche, les russes n’ont plus le droit de siéger au sein des différentes instances sportives durant cette période de 4 ans, et les membres de leur gouvernement n’ont pas davantage le droit d’assister aux différentes compétitions sportives. 

Désormais, les russes ont 21 jours pour faire appel de cette décision devant le tribunal arbitral du sport (TAS). Cette possibilité est offerte à toute entité concernée par une participation, une organisation ou une candidature à une compétition internationale. En cas d’appel, le TAS organisera un arbitrage entre les deux parties. Une procédure qui n’impose aucun délai, mais dépend surtout de la coopération de chacune des parties. En définitive, la Russie sacrifiera soit les prochains JO de Tokyo à l’été 2020, soit ceux de Paris en 2024. 

La Russie est donc bannie du sport mondial pour les quatre prochaines années. 20 ans après sa création, l’Agence Mondiale Antidopage a finalement tapé du poing sur la table. Reste à savoir dans quelle mesure cette décision aura une influence sur la lutte antidopage au pays des tsars. Affaire à suivre...

Alexandre DUGUY-LOI

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