Rentrée sportive : une reprise en demi-teinte

Rentrée sportive : une reprise en demi-teinte

Après plusieurs mois de blocages et de fermeture, enfin les établissements et les infrastructures sportives peuvent rouvrir. La seule contrainte est la présentation du pass sanitaire. Et cela n’est pas sans poser problème. Alors qu’on s’attendait tous à une reprise boostée, elle reste malheureusement trop faible.

Au premier semestre dernier, la ministre déléguée aux sports, Roxana Maracineanu, annonçait la mise en place du pass sport, une aide de 50€ par enfant en inscription en club de sport. L’objectif était de redynamiser et de relancer la pratique sportive, qui avait beaucoup baissé, après les différents confinements successifs.  

Tout le monde attendait, espérait que, dès le mois de septembre, lorsque les familles allaient toucher cette subvention, les clubs et les infrastructures allaient être débordées, allaient voir débarquer des centaines de milliers de candidats, désireux de découvrir les joies de l’athlétisme, du judo ou du football, après avoir rêvé tout l’été devant l’Euro ou les Jeux Olympiques. 

Pourtant, ce n’est pas vraiment ce qu’il s’est passé. Selon les données établies par le Cosmos, l’organisation patronale du sport français, 34,5% des infrastructures sportives en France constatent une baisse de 20% des fréquentations par rapport à la saison dernière. Interrogé par France Info, un membre du CNOSF, le Comité National Olympique du Sport Français, estime la rentrée « poussive » et « morose ». Au niveau des inscriptions et de l’achat de licence, Brigitte Henriques, la nouvelle présidente du CNOSF, chiffre les baisses à 20% mais nuance le bilan en citant des fédérations qui connaissent un rebond, comme le volley, avec une hausse de 25% entre 2020 et 2021. Les belles performances de l’équipe de Laurent Tillie, aux Jeux Olympiques, y sont peut-être pour quelque chose. 

Malheureusement, la rentrée semble maussade. Un sentiment de crainte, de défaitisme, de lassitude a l’air de s’installer durablement. Les Français n’y sont plus. Selon le Cosmos, toujours dans son enquête de rentrée, près de la moitié des clubs et des entreprises sportives interrogées estiment que la baisse de la fréquentation, malgré le pass sport et la fin du confinement, est due à la mise en place du pass sanitaire et à son obligation de présentation à l’entrée des enceintes. 

Bien que le pays a atteint une couverture vaccinale record, de plus de 80%, le plaçant au sommet de la hiérarchie européenne, certains dirigeants croient encore que le ralentissement observé serait dû à ce pass sanitaire, obtenu après un vaccin ou un test négatif au covid de moins de 72 heures. Nous ne sommes pas là pour juger ou pour expliquer, mais nous nous permettons tout de même d’en douter. Si l’immense majorité des Français détiennent dorénavant ce pass, il n’est pas normal que la fréquentation des salles de sport et des clubs baisse. Effectivement, il existe une minorité de françaises et de français, opposés au principe du pass, qui affirme, bien que vaccinés, refuser de présenter ce pass et donc s’interdit de pratiquer un sport en club, voire d’aller au cinéma ou au restaurant.  

Au-delà de ces faibles cas, c’est surtout l’absence de politique de soutien réel à la pratique quotidienne de sport en France qui explique le phénomène. Le gouvernement a cru que la simple mise en place du pass sport allait rebooster la pratique et que les Français allaient se ruer en salle après des mois d’inactivité. Mais c’est précisément parce que nous avons connu ces moments de paresse que nous avons perdu le goût de la pratique. Cela a été prouvé chez les jeunes, des enquêtes citées par Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport & Cycle, précisent « qu’après des mois sans rien faire, les enfants ont perdu le goût du sport et de la dépense physique ». Le but de l’Etat devrait être de redynamiser ce processus et de relancer la pratique.  

Le pass sport est un bon début mais il ne va pas assez loin, il aurait fallu généraliser les classes sportives, rendre obligatoire une activité physique et sportive en début de cours, tous les jours, soutenir l’EPS et les filières STAPS à l’université. Côté adulte, pourquoi ne pas avoir fait voter des exonérations de charges en échange d’une incitation à la pratique sportive en entreprise, comme il existe déjà pour les financements sportifs ? Pourquoi ne pas avoir conditionné une partie des aides versées durant la crise au soutien et à l’incitation de l’activité physique et sportive ? Etc. Il existe beaucoup de solutions qui n’ont malheureusement pas toutes été mises en place. 

Et aujourd’hui, on se cache derrière le pass sanitaire et le choix volontaire des Françaises et des Françaises. Mais ce n’est pas aussi simple que cela. Et l’on risque de subir les conséquences de ces non-actes d’ici quelques années. De nombreux déboires peuvent arriver, hausse de l’obésité, de la sédentarité, des cas de dépression et de mal-être. Cela fait de nombreuses années qu’il est démontré que la pratique sportive soutient la collectivité, le vivre-ensemble et assure une diminution des dépenses publiques. C’est en investissant aujourd’hui pour le sport qu’on assure l’avenir des générations futures. Il serait peut-être temps de le comprendre et d’agir maintenant.

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