Résultats DNCG des clubs de foot, le covid est-il derrière nous ?

Résultats DNCG des clubs de foot, le covid est-il derrière nous ?

Comme tous les ans depuis maintenant deux décennies, la direction nationale de contrôle de gestion, le comptable du football français, publie en détail les comptes des clubs professionnels. Cela donne une idée précise de la santé économique des clubs et de pouvoir constater les grandes évolutions. Le moins que l’on puisse dire c’est que le covid a largement altéré la situation.

Au total, pour l’année 2020-2021 (la DNCG publie toujours son rapport avec une saison de décalage), les pertes s’accumulent à 685 millions d’euros pour l’ensemble des 40 clubs professionnels de Ligue 1 et de Ligue 2, soit une augmentation de 155% par rapport à 2019-2020. Le covid est passé par là. 

Alors que la croissance était soutenue et constante depuis des années, c’est la première fois que les clubs perdent autant. Certes, depuis 2016, les résultats étaient déficitaires, mais à hauteur de 25 millions d’euros en moyenne. Depuis maintenant 2 ans, les pertes ont dépassé les 400 millions d’euros et ont atteint des montants très inquiétants. Quasiment toutes les strates sont touchées mais la baisse la plus sensible est à mettre du côté de la billetterie, avec une chute de 94%, passant de 186 millions de recettes totales en 2019-2020 à 11 millions un an plus tard. Rappelons tout de même que les huis-clos avaient été imposées dès septembre 2020 et avaient duré toute l’année alors que la saison d’avant, le championnat s’était arrêté à la 27e, dès le début de la pandémie. 

Autre conséquence du covid19, les recettes marketing et publicitaire. Avec les matchs à huis-clos et les défaillances médiatiques, certains partenaires se sont retirés du marché et ont provoqué une chute du sponsoring. En un an, il a baissé de 6%, passant de 509 à 481 millions d’euros de recettes. 

Face à cela, 3 des 5 postes des charges d’exploitation ont connu, malgré la crise, une augmentation. Les rémunérations ont crû de 10%, les charges sociales de 18% et les indemnités de mutation (le paiement des transferts échelonnés, autrement dit, les transferts antérieurs à 2020 mais dont le prix avait été échelonné sur plusieurs saisons) de 10%. Soit un alourdissement des charges d’exploitation de 4% entre les deux saisons, de 2,9 milliards d’euros à 3,1 milliards d’euros. La crise a donc renforcé les pertes sans soutenir les gains. 

Dans le détail, les clubs de Ligue 1 enregistrent un résultat net déficitaire à 645 millions d’euros, un déficit en hausse de 140% sur un an. Quant aux clubs de Ligue 2, c’est historique et catastrophique à la fois, puisqu’en 2019-2020, ils présentaient un résultat excédentaire de 555.000 euros contre un déficit de 39 millions d’euros en 2020-2021, soit une hausse de … 7 112%. Les pensionnaires de seconde division ont vraiment souffert et nous sommes passés à côté de faillites certaines. C’est un miracle de ne pas en avoir eu. 

En Ligue 1, on pourrait aussi rétorquer que ce bilan, moins catastrophique, n’aurait pas été le même sans la présence du Paris Saint-Germain. C’est l’arbre qui cache la forêt et qui permet de stabiliser les finances, d’atténuer les pertes. Le club de la capitale, malgré la crise, a conservé ses droits TV en coupe d’Europe et, grâce à sa présence en demi-finale de Ligue des Champions en 2020-2021, a pu récolter plus de 146 millions d’euros, via l’UEFA, contre seulement 50 millions d’euros pour les droits TV de la Ligue 1. Grâce à cela, le bilan cumulé des clubs de Ligue 1 affiche une croissance des recettes télévisuelles, de 21%, à 835 millions d’euros, malgré la faillite, la saison passée, de la chaîne Téléfoot, et la déflation de la valeur des droits, avec l’arrivée du diffuseur Amazon. Paris représente, à lui tout seul, 24,3% du total des recettes droits TV, les 19 autres clubs de Ligue 1 se partageant les 75,7% restants, dont 10,9% et 8,3% respectivement pour Marseille et Lyon. 

Mais avec ou sans Paris, les huis-clos ont altéré considérablement les recettes billetterie, de 95%, passant de 169 millions d’euros, en 2019-2020, qui était déjà une année particulière, à 7 millions d’euros. En face, les charges sociales ont malgré tout augmenté, de 23%. Parce que les clubs avaient obtenu, lors du plan de soutien Covid, des exonérations et des aides publiques, il a fallu compenser la saison suivante. Idem concernant les salaires et les rémunérations du personnel, une hausse de 9%, avec une masse salariale totale de 1,2 milliard d’euros en Ligue 1, dont 934 millions pour les seuls joueurs professionnels.  

Reste maintenant à savoir si cela va durer et si les clubs pourront solvabiliser leurs pertes et assurer leurs comptabilités. L’avenir n’est pas des plus rassurants. Il va falloir jouer serré et parvenir à renforcer les recettes tout en allégeant le poids des dépenses, sans que cela n’altère la stabilité sportive. Disons-le simplement, les clubs de football français ont beaucoup perdu depuis la crise, mais ne sont pas tombés, ils ont frôlé la faillite mais n’ont pas disparu. Néanmoins, il suffira d’un rien pour que cela arrive et que des institutions périssent.

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