Nouvelle compétition de golf, une future ouverture à la concurrence ?

Nouvelle compétition de golf, une future ouverture à la concurrence ?

Nouvelle compétition de golf, une future ouverture à la concurrence ?

En juin dernier est sorti de terre une toute nouvelle compétition internationale de golf, le LIV Golf Series, visant à un concurrencer les circuits américains et européens. A coup de plusieurs centaines de millions de dollars, les organisateurs, financés par le fond souverain saoudien, déjà propriétaire du club anglais Newcastle, ont cherché à capter la participation des meilleurs golfeurs professionnels et proposer des affrontements prestigieux, à travers 8 étapes aux quatre coins du globe. 

A titre de comparaison, lorsqu’un participant à l’US Open, dans le circuit américain, du British Open, dans le circuit européen, peut espérer toucher entre 1 et 2,3 millions d’euros de gains au titre du prize-money, un vainqueur dans le circuit du LIV Golf Series peut compter sur des rétributions jusqu’à 2 fois plus élevées. Mieux encore, une simple participation lui permettrait de toucher, a minima, jusqu’à 100 millions d’euros. C’est en tout cas ce qu’auraient touché Dustin Johnson ou Phil Mickelson pour simplement être présent toute la saison au côté des organisateurs. 

C’est une véritable OPA lancée par le fonds saoudien visant à cannibaliser totalement la force et la renommée des compétitions européennes et américaines, visant à s’octroyer intégralement le prestige des évènements de la petite balle, à des fins économiques mais surtout médiatiques et diplomatiques.  

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C’est le soft-power saoudien, fait d’actions symboliques dans le domaine sportif, après l’organisation du Paris-Dakar ou des super-coupes d’Italie et d’Espagne, pour lui assurer image de marque, notoriété et médiatisation. Surtout face à ses voisins du Moyen-Orient, le Qatar et les Emirats-Arabes-Unis, déjà bien présents sur la scène sportive et déjà très avancés sur le combat de l’image. Ainsi, pour accélérer son développement, l’Arabie Saoudite a décidé de faire all-in, tout sera fait dans le golf, au risque de se mettre à dos les organisateurs américains et européens, vent-debout contre ce nouveau circuit, dopé aux pétro-dollars saoudiens. 

Outre-Atlantique, des décisions ont été prises. Le circuit américain a tout simplement décidé d’exclure de ses tournois les golfeurs qui auraient pris part au circuit saoudien. Le droit fédéral leur accorde cet autoritarisme, la Cour Suprême Etats-Unienne ayant, en 1922, accordé la spécificité à tous les marchés qui respecteraient le bien commun et l’utilité collective. Autrement dit, si un secteur sert l’intérêt du plus grand nombre, il n’aurait pas à respecter les règles concurrentielles et pourrait s’imposer une forme de monopole et des spécificités. A ce titre, les sports US usent depuis longtemps de systèmes particuliers, régulés, comme, en plus des ligues fermées, des drafts, des salary-cap, des luxury-tax ou des dotations égalitaires des droits TV. 

Quant au golf US, ayant le droit fédéral de ne pas respecter la liberté concurrentielle, les organisateurs ont donc acté l’exclusion pure et simple des golfeurs attirés et intéressés par la LIV. Théoriquement, une contrainte à la liberté d’entreprendre et la liberté de circulation et de choix des sportifs, juridiquement un droit américain. C’est tout l’inverse côté européen. 

La jurisprudence n’étant pas encore totalement fondée et actée. Encore aujourd’hui est en discussion, au sein de la Cour de Justice de l’Union Européenne, la question du monopole des organisations, entre l’UEFA et les promoteurs de la Super-Ligue européenne, désireux de se lancer dans l’organisation d’une nouvelle compétition privée et indépendante. Comme rien n’est acté et décidé, pour le moment, le circuit européen ne peut pas se permettre de sanctionner manu-militari les golfeurs de la LIV et de faire comme les Américains, les exclure. Pour le moment, une simple amende a été infligée à tous les imprudents, de seulement 110.000€, ce qui n’est rien eut égard aux sommes promises par les Saoudiens.  

Seulement, même cette amende pourrait être supprimée si, d’aventure, la CJUE venait à donner raison à la Super-Ligue européenne et mette fin aux monopoles sportifs. Cela donnerait alors le droit à chaque sportif de pouvoir concourir dans n’importe quelle compétition, et à chaque promoteur de se lancer dans l’événementiel sportif.  

Cette nouvelle compétition est donc très intéressante, à double titre. Elle permet encore et toujours de sensibiliser à la question du soft-power et des intérêts diplomatiques du Moyen-Orient et sert d’exemple et d’illustration à la question du droit du sport et de son organisation structurelle.

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