Ligue 1

CVC Capital Partners, nouveau partenaire de la Ligue 1, qu’est-ce que ça va changer ?

Pour la coquette somme de 1,5 milliard d’euros, le fonds d’investissement luxembourgeois CVC Capital Partners est devenu actionnaire à hauteur de 13% de la nouvelle société commerciale de la Ligue 1 Française, chargée de gérer les droits commerciaux, marketing et audiovisuels du championnat. C’est une telle nouvelle organisation qui va s’imposer dans le football français, avec très certainement beaucoup de changements.

Depuis la crise du covid19 et la faillite de la chaîne Téléfoot, le football français vivait des heures difficiles, sombres. Selon Vincent Labrune, le président de la LFP, nous étions à deux doigts de tomber au même niveau que le championnat slovène, avec des pertes qui ne cessaient d’augmenter, dépassant les 600 millions d’euros, des difficultés de financement et des craintes de dépôts de bilan. Durant 2 ans, un certain nombre d’observateurs avait même prédit une faillite généralisée, et un chamboulement total du ballon rond. Il fallait agir.

Très rapidement, les dirigeants ont poussé à la création d’une société commerciale, autonome et sous juridiction privée, chargée d’organiser et de superviser la gestion de l’ensemble des droits du championnat. Le but était double, à la fois fixer la professionnalisation du foot dans ses fondements, en sortant de la gouvernance bicéphale entre la LFP et la FFF, et de permettre de revendre une partie des capitaux à des fonds privés, afin d’en tirer une plus-value et d’assurer une source de financement alternative.

A travers la création de cette société commerciale, qui a dû passer l’épreuve de la loi, avec un changement voté au Parlement, la LFP s’est retrouvée armée d’un outil juridiquement indépendant et professionnel, capable de s’occuper seul de la négociation et de la vente des droits de diffusion, sans passer par des intermédiaires. Et donc, parce que cette entité est, de fait, déclarée en tant que société anonyme, pouvoir revendre une partie des parts à des acteurs tiers. Un peu comme n’importe quelle entreprise qui, par le financement externe direct, viendrait émettre des actions sur les marchés boursiers.

C’est une véritable révolution qui s’est imposée en France. Maintenant, la LFP va pouvoir, au moins à partir de 2024, faire comme l’Angleterre et la richissime Premier League, négocier elle-même les contrats de diffusion de ses matchs à l’international et sortir de ce contrat absurde passé en 2016 avec BeinSport. Actuellement, et ce jusqu’en 2024, c’est le groupe audiovisuel qatari qui a les droits internationaux, pour seulement 75 millions d’euros par an, et qui les revend aux chaînes étrangères, pays par pays. Dans le contrat, il est stipulé que si BeinSport génère, à travers ces reventes, une plus-value, elle doit reverser 50% de la marge à la LFP, chose qui n’arrive pratiquement jamais.

En créant l’entité commerciale, la LFP aura les armes juridiques et économiques pour s’occuper seule de ces reventes et tentera alors de faire croître la valeur de la Ligue 1. Avec l’espoir, pourquoi pas, d’atteindre les 300 millions d’euros, comme la Série A italienne ou la Bundesliga allemand. En fait, interrogés en coulisses, les acteurs du foot ont cette espérance, pour que le total des droits tv, comptant à la fois les droits nationaux et internationaux, repasse la barre des 800 millions d’euros pour la deuxième moitié de la décennie 2020. C’est en tout cas comme cela que les choses ont été vendues au fonds d’investissement CVC Capital Partners.

C’est en effet le deuxième argument de la société commerciale, et les deux sont intimement liés. En se donnant des outils juridiques modernes, on se donne le droit de capter de nouvelles parts de marché et de valoriser les prix de vente. Et en garantissant ce projet, on allèche des investisseurs, attirés par la perspective de réaliser des bénéfices en s’y associant. Et tel un cercle vertueux, c’est parce que des investisseurs viennent et misent de l’argent que le foot est valorisé, que son prix prend de l’importance et que les marges augmentent. Tout le monde devrait donc y trouver un intérêt.

Ainsi, CVC Partners a posé 1,5 milliard d’euros sur la table pour capter 13% des parts de la société. Cet argent obtenu sera ensuite redistribué, en 3 saisons, aux clubs de Ligue 1 selon leur importance. Le PSG, notamment, touchera 200 millions d’euros, Lyon ou Marseille 90 millions d’euros, 4 autres clubs 80 millions d’euros (Monaco, Lille, Nice, Rennes) et 13 autres, les moins cotés, 33 millions d’euros. Plus quelques sous pour les clubs de Ligue 2, au titre de la solidarité. Le restant servant à la gestion et à l’administration de la société commerciale.

En mettant autant d’argent sur la table, le but est de financer les investissements conjoncturels et structurels des clubs, les renforcer et les armer sur la scène internationale, afin que ces derniers, d’abord ne meurent pas après avoir souffert du covid, et performent. Tout cela pour que le foot français soit valorisé et gagne en parts de marché dans les prochaines années. C’est toute l’idée et le dessein d’un tel investissement.

Pour résumer, la société commerciale a acquis les armes pour valoriser et maximiser le prix des droits commerciaux, marketing et audiovisuels. Pour se financer, elle a vendu une partie de ses parts à un fonds, qui a renfloué les caisses et offert des capacités de financement. En assurant ce financement des investissements, les clubs pourront se développer et ainsi améliorer leur performance pour valoriser le prix des droits commerciaux, audiovisuels et marketing sportif. Les clubs y gagnent et CVC Partners récupère une partie des bénéfices et valorise ses parts. On revient au point de départ avec une très forte croissance.

Si ce plan se déroule sans accroc, c’est tout l’écosystème du football qui pourrait s’en retrouver améliorer. Reste maintenant à vérifier si cela va fonctionner ou si tout va s’écrouler. Parce que dorénavant les clubs et la direction a des comptes à rendre directement à un fonds d’investissement qui a misé 1, 5 milliard. Si rien ne marche comme prévu, tout peut s’écrouler.

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