250 millions d’euros pour les équipements sportifs : réelle avancée ou poudre aux yeux ?

250 millions d’euros pour les équipements sportifs : réelle avancée ou poudre aux yeux ?

Jeudi 14 octobre 2021, le ministre de l’Éducation et des sports, Jean-Michel Blanquer, a annoncé un plan historique de 250 millions d’euros pour la construction de 5000 équipements sportifs. Ils devraient être finalisés pour 2024 et faire de la France une grande Nation sportive à la veille des Jeux Olympiques. Ambition crédible ou rêve éveillé ?

D’après le député de Nice, Cédric Roussel (LREM), «  jamais un gouvernement n’a fait autant pour le sport depuis le général de Gaulle  ». Il est vrai que, depuis 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron, les budgets consacrés au sport n’ont cessé de croître. Alors que le budget du ministère était à la baisse depuis 2011 sous le mandat de Nicolas Sarkozy, il est reparti à la hausse, avec une impulsion importante à partir de 2019, passant de 516 millions à 710 millions d’euros. 

Aujourd’hui, le projet de loi de finances 2022 a fixé un total de 987 millions d’euros, record jamais atteint jusqu’ici, quasiment 1 milliard pour un ministère de second exercice. C’est donc qu’il y a bien un réel engouement du gouvernement en matière sportive, une ambition claire et intelligible. Seulement, à y regarder de plus près, on peut néanmoins se poser quelques questions. 

Tout d’abord, la hausse, depuis 2019, du budget du ministère est tirée par le poids de la SOLIDEO, organisme public chargé des infrastructures pour les Jeux Olympiques de Paris. Augmenter le budget ne signifierait donc pas nécessairement que l’argent en plus est consacré aux sportives et aux sportifs, il est aussi fléché vers les JO, sans garantie d’héritage et de réhabilitation. Le budget de la SOLIDEO est ainsi passé de 65 millions d’euros en 2017 à quasiment 265 millions d’euros en 2022, soit une hausse de 307%. C’est beaucoup comparé à l’augmentation, certes historique, de 90% du budget total du ministère sur la même période. 

Mais au moins, pourrait-on dire, c’est là et c’est mieux que rien. L’argent dépensé pour les Jeux soutiendra l’économie et l’accessibilité au sport, et on peut espérer, en retour, des retombées sociales et sociétales durables. De la même manière, le ministre de l’Éducation et des sports, Jean-Michel Blanquer a, dans cette dynamique haussière en faveur du sport, annoncé une enveloppe de 250 millions d’euros pour construire et ériger 5000 infrastructures sportives d’ici 2024. 

Formidable, à la seule nuance près que ce plan et les objectifs fixés semblent très, trop, ambitieux. C’est en effet ce qu’affirme l’ancien élu chargé des Sports à la mairie de Paris, Jean-François Martin. «  Si l’on divise les 250 millions d’euros aux 5000 équipements prévus, cela fait 50 000€ pour chaque. Or, au minimum, un gymnase, un terrain de basket ou une piscine coûte entre 5 et 20 millions d’euros  ». Effectivement, 50 000€ pour chaque projet dont le coût pourrait dépasser le million, ça fait peu. 

A cela, la communication du ministère répond que cela ne concerne pas uniquement des gymnases, des piscines ou des terrains. De simples plateaux de basket 3X3, des tables de pingpong ou des parcours sport santé pourraient être concernés. Alors oui, ici le coût serait bien plus faible mais on peut tout de même s’étonner de l’écart entre l’ambition et la réalité. On annonce de nouvelles infrastructures pour faire de la France une nation sportive d’importance et on se retrouvera avec des tables de pingpong et des barres de traction dans les parcs. 

De même, l’objectif reste et restera 2024. Il faut briller pendant nos Jeux. Mais alors pourquoi ne pas avoir financer un tel plan bien longtemps avant, dès 2017, afin que les retombées apparaissent réellement et concrètement 7 ans plus tard. Maintenant, la perspective est de seulement 2 ans et demi. Et encore. En si peu de temps, allons-nous être capable d’ériger des espaces sportifs à toute la population, lui redonner le goût de la pratique sportive et afficher une excellence populaire lors des JO ? Question assez compliquée. 

Toujours selon Jean-François Martin, la mise en œuvre de travaux publics prend du temps. «  Entre les études de faisabilité, les concertations, les appels d’offres, la construction, il faut souvent compter 4 à 5 ans pour de tels projets. Ca ne sera jamais prêt pour les Jeux de Paris  ». Sauf si, bien évidemment, cela se réduit à des dips ou des plateaux de basket. 

On peut donc quelque peu dévaluer le caractère ambitieux de telles annonces. Oui, il faut applaudir le soutien financier du ministère, ses valorisations et ses augmentations. Mais tout cela est gonflé artificiellement par le poids des Jeux Olympiques et des efforts structurels. Quant au plan pour les infrastructures, on peut, après lecture, moquer son ambition. 250 millions d’euros c’est peu, et la perspective 2024 semble bien trop proche pour espérer rendre quelque chose de qualitativement intéressant. 

Mais bon, au moins nous avons un gouvernement qui communique pour et en faveur du sport, n’allons pas bouder notre plaisir.

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