Le mondial tous les deux ans, pour ou contre ?

Le mondial tous les deux ans, pour ou contre ?

C’est le débat de la rentrée. Après les déclarations officielles d’Arsène Wenger, directeur du football pour la FIFA, d’un projet de mondial tous les deux ans, c’est la chienlit qui règne. Entre les partisans d’une telle réforme et les opposants romantiques, attachés à la rareté de l’événement. Mais concrètement, qu’est-ce que ça veut dire une coupe du monde tous les 2 ans ?

L’ancien coach d’Arsenal, Arsène Wenger, veut tout bouleverser et tout révolutionner. Il souhaite tout simplement modifier en profondeur le calendrier international et imposer un mondial tous les deux ans. 

Son idée est simple à comprendre, mais assez problématique à accepter. Cela fait de nombreuses années qu’on critique la cadence des matchs, les rencontres amicales ou qualificatives des sélections, jugées inutiles et ennuyeuses. Nous, les fans, sommes de plus en plus intéressés par les seuls matchs en club et rarement par les matchs des sélections. Ne nous voilons pas la face, les France – Arménie ou Angleterre – Andorre sont, au mieux, amusants, au pire, soporifiques. 

La solution est alors toute trouvée, n’organisons que des matchs importants, que des matchs de qualification couperets et que des matchs de compétition, et effaçons des calendriers les rencontres amicales. Oui mais voilà, problème, en faisant cela, on réduit de fait le nombre de matchs potentiels en sélection et on prend le risque d’altérer le pouvoir de la FIFA vis-à-vis des clubs, tant médiatiquement qu’économiquement. Si moins de matchs internationaux, c’est la mort annoncée du football des nations. 

La solution, Arsène Wenger l’a trouvée : pour supprimer les matchs inutiles et inintéressants, tout en conservant la même cadence, mais simplifiée sur moins de fenêtres, il n’y a qu’à organiser un mondial tous les 2 ans. Une année serait ainsi consacrée à la qualification à cette compétition, puis on enchainerait sur celle-ci, et l’année d’après serait consacrée aux qualifications à la compétition continentale, l’Euro pour les sélections européennes ou la Copa America pour les sélections sud-américaines.  

Si l’on voudrait défendre cette idée, on dirait que c’est un beau projet. Il renforce le poids des rencontres internationales – plus de matchs amicaux, on n’aurait que des affiches importantes – et il facilite l’organisation du calendrier avec les qualifications réalisées sur une saison entière. Ensuite, la coupe du monde tous les 2 ans assureraient une meilleure rotation pour les pays organisateurs et permettrait de garantir une présence en Afrique ou en Asie, souvent les laissés-pour-compte du football moderne. Enfin, la multiplication de mondiaux offrirait plus de rencontres internationales, plus d’affrontements entre équipe de continents différents et donc un gain d’expérience pour les outsiders. Ceux qui n’ont jamais eu, jusqu’ici, l’occasion de jouer contre la France ou le Brésil pourraient voir leur chance de les affronter augmenter, grâce à un mondial à 48 nations tous les 2 ans à partir de 2028. 

Sauf que ma franchise m’oblige à vous dire que je suis tout particulièrement opposé à ce projet. Tout d’abord, ne soyons pas naïf, cette idée est avant tout tirée par des arguments économiques. Le mondial est la poule aux œufs d’or de la FIFA, chaque édition rapporte entre 2 et 4 milliards de dollars à l’instance, en augmenter sa cadence tirerait naturellement vers le haut ses recettes. Ensuite, il est faux de croire que pour donner de l’intérêt au public, il suffirait de ne lui donner que des gros matchs.  

C’est justement l’ennuie et la peine qui créent le désir et la passion. Enchainez 100 fois une chute avant de réussir un saut et vous prendrez un plaisir extrême, enchainez 100 sauts et cela vous ennuiera très certainement. C’est la loi des rendements décroissants, de l’utilité marginale décroissante décrite par les économistes utilitaristes. Quelque chose est bon précisément parce qu’il est rare, inaccessible, désiré, voulu, espéré, rêvé. Le mondial, comme les Jeux Olympiques, on l’attend tous et on le regarde avec intérêt et admiration parce qu’il est rare, parce qu’il n’arrive que tous les 4 ans. Si vous banalisez l’exceptionnel, vous rendrez l’exceptionnel banal, insignifiant, normal.  

Aujourd’hui, si on n’aime pas les matchs amicaux de l’équipe de France, c’est peut-être parce qu’on a le point de comparaison avec les matchs inoubliables des coupes du monde. On fait la comparaison, on se souvient de ces grands moments, ces France – Croatie ou France – Argentine, ce but de Pavard ou cette course de Mbappé. Mais en supprimant les instants ennuyeux et en ne mettant que des rencontres supposément importantes, la tension et l’excitation disparaissent totalement. Il n’y aura plus de comparaison, plus de référence, plus d’objectif à atteindre. 

Un exemple simple pour illustrer cette utilité marginale décroissante, tout le monde voudrait quitter l’école, l’université, les cours plus tôt et rentrer à la maison, sortir de ce cours de Comptabilité Nationale ou d’Histoire du Sport long et ennuyeux. Une fois l’heure finie, une fois la cloche retentie, quel plaisir de pouvoir refermer son ordinateur et ranger ses affaires, la journée s’achève enfin. D’accord, alors partant de ce principe, si l’école vous ennuie, autant arrêter tout de suite, retour au confinement et à la maison. C’est vraiment ce que vous voulez ? Bizarrement, on se rend compte qu’on apprécie quelque chose qu’une fois qu’on ne l’a plus entre les mains, qu’on profite réellement de quelque chose qu’une fois qu’on se rend compte de son importance et de son intérêt. La banaliser et multiplier son contact et vous la rendez insignifiante et minuscule. 

C’est exactement la même chose avec le Mondial tous les 2 ans. Augmenter son apparition, détruire le rêve et l’inaccessible et son intérêt disparait totalement. Il n’y aura plus aucun frisson ni aucun suspense, l’exceptionnel deviendra banal comme n’importe quel match amical.  

Alors, vous êtes plutôt pour ou contre ?

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